Découvrez les finalistes 2025 : La Fille et la Farine

14 août 2025 Finalistes

Mélanie Senelle est la fondatrice de « La Fille et la Farine », un projet de pâtisserie fine, éthique et inclusive.

Qui êtes-vous ?

Je suis Mélanie. Ce qui me meut, c’est la curiosité, l’envie d’agir et de rendre heureux. Ce qui m’émeut, c’est de voir les humains dans la joie et le partage, quelles que soient leurs circonstances.

J’ai grandi entre le handicap et le monde des seniors — mes parents y ont consacré leur vie — et ça fait partie de mon socle. Assez jeune j’ai quitté ma Belgique natale pour travailler dans l’humanitaire en faveur de la protection des personnes vulnérables. 20 ans plus tard, besoin d’ancrage, d’offrir à mes trois enfants des racines. Retour à l’école pour concrétiser une passion de toujours : je deviens pâtissière. Mon engagement s’exprime désormais autrement, dans un projet beau, bon et inclusif.

Côté personnel je suis quelqu’un d’entier, parfois sans filtre mais sincère, je ne sucre ni mes gâteaux ni mes mots ! Je vis à 200 à l’heure, mais je trouve l’apaisement dans la nature, le sport ou les gestes précis de la pâtisserie. Je joue du tuba (mal), je cuisine beaucoup (mieux), et j’aime par-dessus tout rire très fort ! J’ai aussi un petit faible pour les défis, comme celui de faire rimer dessert avec santé publique. Je suis convaincue que l’on peut faire bouger les lignes… même avec un gâteau.

Pourquoi êtes-vous devenue entrepreneure ?

Parce qu’à un tournant de ma vie où je posais enfin mes valises, ça m’est apparu évident. Comme si tous les petits fils de ce qui m’a construite venaient tisser la trame d’un projet cohérent et aligné à mes valeurs. J’avais envie de prendre les rênes de quelque chose qui soit utile et porteur de sens, mais aussi gourmand parce que bien manger c’est le bonheur ! Un business, mais pas que. Une entreprise éthique, pensée en mode durable (production à la demande, circuits courts, logistique douce) et qui génère de l’emploi pour des personnes en situation de handicap ou d’autres groupes exclus du monde actif. Ce que je propose, c’est ce que je suis : une pâtisserie honnête, exigeante, à l’image de mes convictions. Je ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais à rassembler autour de valeurs fortes.

Comment cette idée vous est-elle venue ?

Dans une autre ère, avant la crème antirides, j’ai commencé la pâtisserie par le cake design : l’extrême du sucre ! Je démarrais, je suivais les premiers blogs, c’était surtout une manière d’exprimer mon côté artistique. Mais une fois les bougies soufflées je passais mon temps à beugler : ne mangez pas la pâte à sucre ! Je savais dans le fond qu’il fallait évoluer vers autre chose.
La pâtisserie « palace », la technique, la finesse des parfums, c’est arrivé ensuite. J’ai eu la chance de travailler dans de belles maisons genevoises, même en 5 étoiles. J’ai constaté que si l’on y suit heureusement la tendance à désucrer, on reste généralement sur une seule variété de farine blanche, du sucre raffiné, et on ne réfléchit pas la globalité d’une recette en termes d’impact sur l’organisme. Or le sucre nous fait du mal et nous rend tous accros, dès le plus jeune âge. Comment dès lors l’apprivoiser sans s’en priver, à la lumière des avancées de la recherche en nutrition ? C’est d’abord pour moi-même que j’ai exploré le sujet et découvert les vertus de l’alimentation à faible impact sur la glycémie (IG bas). Les bénéfices sur mon bien-être, mon énergie, mon poids et surtout ma digestion ont été quasi immédiats. L’idée était là : créer des desserts qui respectent notre santé, mais en conservant la saveur des classiques, et pour les goûters le côté décadent qu’on adore !

A quel besoin répond votre projet ?

Celui d’être gourmand sans se faire du mal. On mange trop de sucre (2 fois trop en moyenne au quotidien en Suisse !), on en donne trop aux enfants qui éduquent leur palais de travers, les options « healthy » sont souvent tristes, compactes ou truffées d’ingrédients pas terribles. Globalement, on est tous concernés par l’excès de sucre. Si on cumule, c’est une majorité d’entre nous qui avons un rapport complexe au dessert, qui devons être vigilants, que ce soit par choix ou par obligation. La Fille & la Farine s’adresse bien sûr aux personnes diabétiques, mais aussi aux sportifs, à ceux qui entreprennent un rééquilibrage, aux parents soucieux de mieux éveiller au goût, et aux 20% de Suisses souffrant d’intolérances ou d’allergies qui se retrouvent très souvent à dire non au dessert. Et ça, franchement, c’est trop frustrant !

Aujourd’hui à Genève, et même en Suisse, il n’y a aucune offre artisanale de pâtisseries spécifiquement conçues pour éviter les pics de glycémie. La Fille & la Farine se positionne en réponse à ce manque. Elle invite à se faire plaisir sans stress avec derrière un vrai choix social et un engagement local.

Quel impact visez-vous grâce au projet ?

L’ambition, c’est que l’enseigne devienne une référence suisse de la pâtisserie raisonnée. Vous l’avez compris La Fille & la Farine est pensé en termes d’impact à plusieurs niveaux. Sur la santé d’abord : en travaillant avec des experts et des professionnels pour proposer des recettes plus saines, et contribuer à la prévention, notamment autour du sucre. Sur l’emploi ensuite, en créant des postes pour des personnes éloignées du marché du travail, dans un cadre bienveillant, adapté et valorisant. Sur l’économie locale aussi, en construisant une chaîne de valeur circulaire avec des artisans et producteurs du Genevois.
Au fond, je cherche à générer de la joie. J’aimerais qu’on change la manière dont on voit la pâtisserie. Pas comme un “plaisir coupable”, mais comme un plaisir tout court.

Pourquoi vous êtes-vous inscrite au Prix IDDEA ?

Mon tout premier job, c’était chercheuse en économie sociale et solidaire… donc quelque part, la boucle est bouclée. Je me sens complètement en adéquation avec les valeurs portées par les partenaires d’IDDEA et je ne peux pas rêver d’un meilleur chemin pour donner vie à La Fille & la Farine. J’ai rejoint le Prix pour passer de l’envie au concret, développer un bon modèle économique, confronter mon idée au marché et m’entourer d’allumés brillants qui pensent qu’on peut faire les choses autrement. C’est à la fois un appui technique, un réseau, et une vraie bulle d’émulation. Et quand on porte un projet seule, c’est précieux. D’ici la fin, je veux avoir identifié le bon angle de démarrage en termes de cible, finalisé mon offre, trouvé un labo, et embarqué des partenaires solides qui y croient autant que moi (voire un peu plus les jours où je doute). J’espère sortir de cette aventure avec la crédibilité nécessaire pour démarcher des financeurs avec autre chose qu’un rêve et une boîte de gâteaux.

Une phrase qui vous guide ou vous inspire en ce moment ?

Féminine, bien sûr ! « Si tes rêves ne te font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez ambitieux. »



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